La naissance de la SNCF
Parmi les séquences historiques qui seront célébrées cette année, celle de la création de la SNCF* au 1er janvier 1938 est majeure.
Dès 1920, il douta du bien-fondé d’une nationalisation qui, en l’absence de processus révolutionnaire, ne pouvait être qu’une réforme illusoire destinée « à replâtrer le capitalisme ».
Mais la Fédération CGT des cheminots portait alors majoritairement la nationalisation, notamment dans la grève de mai 1920 qui conduisit à la révocation de 25 000 cheminots.
Cet échec amènera à la scission de la Fédération de 1921 à 1935, puis après le Front populaire.
Dans les débats sur la réorganisation des transports et en faveur d’une coordination des moyens de transport, Pierre Semard, alors secrétaire général de la fédération, s’attacha d’abord à promouvoir des questions de fond.
Mais le gouvernement ne décida la réforme des chemins de fer qu’avec les compagnies, sans aucune discussion ni prise en compte des propositions de la Fédération.
Leur déficit atteignant 35 milliards fin 1937, la CGT prônait une profonde transformation du régime des réseaux puis la nationalisation industrialisée des chemins de fer permettant une exploitation rationnelle et économique. Ce qui excluait des demi-mesures telles que la création d’une société mixte maintenant la structure des réseaux.
La déception est donc forte dans les rangs syndicaux lorsque la SNCF est créée par le décret du 31 août 1937.
Pierre Semard évoquera alors les combats qu’il faudra continuer à mener pour obtenir une réorganisation plus profonde et une véritable nationalisation des chemins de fer.
Arrêté, condamné, emprisonné par le gouvernement français puis fusillé par les nazis le 7 mars 1942, ces combats se feront sans lui, mais c’est sa ligne que portera désormais la Fédération.
Patrick Chamaret, président de l’IHS des cheminots.