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Souvent ce vers de Victor Hugo est venu sur nos lèvres, à juste titre, lors de nos réunions, assemblées générales de syndiqués ou de cheminots depuis avril
dernier.
Ces mots sont tirés de Les Châtiments, recueil de poèmes que Victor Hugo publia en 1852, alors qu’il était en exil sur l’île de Jersey, à l’issue du mouvement révolutionnaire de 1848. C’est lors de cette révolte que fut balayée la monarchie de Juillet et proclamée la République pour quelques mois, avant que le pouvoir ne se déchaîne et assassine massivement ceux qui l’avaient fait trembler.
Lors de cette période héroïque, face à la crise profonde qui frappait le pays faite de disettes et de chômage massif, la classe ouvrière porta haut ses revendications et une aspiration à un changement de société pour une république démocratique et sociale.
Acteurs de ces événements, les travailleurs des chemins de fer, qui ne portaient pas encore le nom de cheminots, furent très présents et actifs.
Ils appelèrent pour la première fois à la nationalisation des chemins de fer et à l’autogestion, revendiquant le droit d’élire leurs chefs et la constitution de conseils de discipline paritaires. Ils firent ainsi trembler les banquiers, actionnaires dominants dans les compagnies privées.
Lors des journées dites de Juin*, la réaction du pouvoir fut violente, utilisant l’armée pour vaincre les barricades des ouvriers, leurs idéaux et leurs premières conquêtes.
Cette période ne fait jamais l’objet d’aucune commémoration, comme s’il fallait oublier le bain de sang dans lequel elle a été noyée, la trahison du peuple par la bourgeoisie, la répression, les déportations.
Aujourd’hui l’action des cheminots y trouve une filiation toute naturelle qui peut remplir de fierté ceux qui s’y sont engagés.

Patrick Chamaret, président de l’IHS des cheminots.

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