1920, 2020 : UN SIÈCLE, DEUX LUTTES !
Dans quelques semaines se déroulera le 44e Congrès fédéral. L’actualité de l’action sur les retraites menée depuis le 5 décembre 2019 y prendra bien évidemment une place importante. Hasard ou prolongement de l’histoire, nous célébrerons également cette année le centenaire des grèves de 1919-1920, lesquelles présentent de nombreuses similitudes avec le mouvement en cours.
Un contexte d’urgence sociale
Revenons un siècle en arrière. Au sortir de la Première Guerre mondiale, l’Union sacrée est remise en question. Alors que la bourgeoisie pense à ses profits potentiels, les réformistes à une gestion partagée, les révolutionnaires aspirent, eux, à la paix et au progrès social ainsi qu’à une autre société.
Pendant deux ans, une lutte revendicative sans précédent va se construire et se développer dans un contexte d’affrontement entre les stratégies syndicales et politiques naissantes.
Un moment fondateur
En 1920, la Fédération des cheminots tient exceptionnellement deux congrès fédéraux : l’un, ordinaire, en avril et l’autre, extraordinaire, en septembre. Le premier voit le courant réformiste perdre sa majorité au profit du courant révolutionnaire, élu sur l’objectif de la grève générale dès le 1er mai. Néanmoins, le courant réformiste freinera le mouvement dans de nombreuses professions et conduira à un échec retentissant de la grève. Cela se traduira par une scission au niveau de la Fédération des cheminots puis, ultérieurement, de la Confédération.
Relier le passé et le présent
Lors du congrès, notre Institut d’histoire sociale (IHS) présentera une exposition consacrée à ce temps de lutte. Construite avec ses documents, archives et sources, elle sera accompagnée d’une brochure explicative qui éclairera cette séquence de notre histoire sociale, sur le plan revendicatif, syndical, idéologique et répressif, marquée par des violences policières, gouvernementales et patronales. À l’issue du congrès, ce matériel sera à disposition des syndicats et secteurs qui souhaiteront s’en saisir pour des initiatives locales.
Si c’était un film, la mention « toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite » pourrait y apparaître. Sauf que ces mouvements revendicatifs, celui que nous menons, comme celui dont nous honorons le centenaire, ne sont pas du cinéma ! Ils sont au contraire bien réels et font partie de notre histoire.
Patrick Chamaret, président de l’IHS des cheminots.