Du Capitole à FÉVRIER 1934
L’assaut du Capitole, siège du Parlement américain, par les partisans de Donald Trump, sans être un remake hollywoodien du 6 février 1934, nous rappelle cet épisode du passé qui a participé au rapprochement entre la CGTU et la CGT.
Aux origines
Le krach de Wall Street aux États-Unis, le 24 octobre 1929, est, encore aujourd’hui, considéré comme le début d’une crise qui, si elle gagna la France plus tardivement, n’en fut pas moins profonde, tout comme ses conséquences furent désastreuses pour le monde du travail. Le patronat et le gouvernement profitèrent en effet de cette situation pour diminuer les salaires et aggraver les conditions de travail. La France ouvrière s’enfonça dans la misère.
Alors que les files s’allongeaient toujours plus devant les soupes populaires, en Europe, la mise en place des régimes fascistes, commencée dès la fin de la Première Guerre mondiale, s’accéléra : Mussolini en Italie, Salazar au Portugal, et surtout, Hitler, en Allemagne. Des ligues fascistes s’agitaient aussi en France, la situation politique et sociale leur offrant un terrain favorable pour développer leur propagande.
Le moment de bascule
Les événements de février arrivent dans un contexte tendu où, alors que trente-deux gouvernements se sont succédé en deux ans, et que les scandales à répétition entachent les politiques de l’époque, Édouard Daladier, un radical de gauche, alors président du Conseil de la IIIe République, est appelé à former un nouveau gouvernement.
L’élément déclencheur est sa décision de limogeage de Jean Chiappe, préfet de police de Paris, accusé à juste raison de passivité à l’égard des ligues fascistes. En réponse, celles-ci organisent une succession de manifestations. Le 6 février 1934, les ligues se rassemblent place de la Concorde, jour de l’investiture de Daladier au Parlement, avec la volonté de pénétrer dans la Chambre des députés. Des affrontements avec les forces de l’ordre provoquent un nombre important de morts et de blessés.
Des syndicats à l’offensive
La CGT est encore divisée depuis la scission de 1921. Dès le 6 février au soir, la CGTU appelle à une grève générale antifasciste. Le 7 février, cinq organisations de la CGTU se rapprochent des syndicats homologues de la CGT pour leur proposer de s’associer à eux. Cette proposition ne sera pas étrangère à la décision prise par la commission administrative de la CGT, ce même jour, d’appeler à une grève le 12 février. De son côté, le Parti communiste appelle à manifester le 9 février. Il reçoit l’appui de la CGTU.
La manifestation du 12 février durant laquelle CGT, CGTU, Parti communiste défilent côte à côte, sera le point de départ d’un processus qui conduira à la victoire du Front populaire, à la réunification syndicale et aux grandes luttes de mai-juin 1936 qui déboucheront sur une victoire historique avec des conquêtes sociales sans précédent.
Thierry Roy, président de l’IHS des cheminots.
Photo : © IHS CGT
Manifestation antifasciste à Paris le 12 février 1934