La Bataille du rail, un film CULTE
Depuis le 19 mai, les salles de cinéma sont de nouveau ouvertes et, si la situation sanitaire continue de s’améliorer, le Festival de Cannes aura lieu du 6 au 19 juillet 2021.
La tenue de cet événement, dans le contexte actuel, est l’occasion de revenir sur ce film emblématique de la lutte cheminote durant la Seconde Guerre mondiale, La Bataille du rail, qui fut primé lors de la première édition du festival en 1946, il y a 75 ans de cela.
Un projet d’ampleur
Au départ, la première ambition du Comité de libération du cinéma français (CLCF) était de tourner, par l’intermédiaire de la Coopérative générale du cinéma français (CGCF) qu’il avait créée, un documentaire sur les cheminots résistants avec l’accord de la Commission militaire nationale du Conseil national de la résistance (CNR).
La présentation de cette première partie en mai 1945 fait l’unanimité. Les commanditaires sont séduits et décident de revoir leurs ambitions à la hausse faisant de ce film qui, à l’origine, devait être un court-métrage, un long-métrage de 90 minutes. Mais de fait, le financement doit aussi être revu à la hausse. Qu’à cela ne tienne, toutes les parties contribuent et de nouveaux investisseurs entrent dans l’aventure.
Un petit compromis…
Si le cheminot, ouvrier, reste une grande figure du film, la SNCF, qui a rejoint le projet en missionnant l’association Résistance-Fer pour le suivre, exige d’autres scènes idéologiques. Un personnage d’ingénieur en chef, qui symbolise la direction et un couple de retraités viennent donc compléter le tableau paternaliste, l’idée étant que c’est toute la SNCF qui a résisté. La CGCF accepte le compromis. Néanmoins, la place de la résistance populaire, avec le sacrifice de la classe ouvrière, reste prédominante dans le film.
Un succès national
Dès sa sortie, La Bataille du rail est un gros succès commercial, apprécié pour ses qualités de mise en scène et esthétiques. Il est récompensé par deux grands prix au Festival de Cannes au début de l’automne 1946. Ce film réalisé par René Clément reste une œuvre irremplaçable sur la résistance des cheminots et le lourd tribut qu’ils ont payé pour la Libération de la France.
En 2016, l’IHS lui a consacré un dossier complet dans le Cahier de l’IHS n° 57*. Il comporte une foule d’informations sur les conditions de réalisation, le tournage, les acteurs et son accueil au Festival de Cannes.
Thierry Roy, président de l’IHS des cheminots.
Feuilleter Les Cahier de l’IHS n° 57
Photo : Photographie du tournage de La Bataille du rail. Au centre, la figurante Suzanne Le Caer, dans le rôle d’une messagère du maquis. DR