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L’IHS CGT cheminots au 45e congrès de la fédération CGT des cheminots

Notre IHS a été très présent lors de la tenue du 45e congrès de la fédération CGT des cheminots du 14 au 17 novembre dernier. Son stand a été apprécié, très fréquenté et animé. Échanges avec les congressistes, vente de publications et de livres, adhésions ont ponctué ces journées.

Le mercredi 15, dès 8 h 30, Thierry ROY, Président de l’institut, est intervenu à la tribune du congrès.

Extraits de son intervention

« […] Vous vivez une période revendicative intense… Et dans ce contexte, réfléchir sur l’histoire peut vous apparaître superflu, c’est précisément dans ces temps troublés qu’il faut fréquenter l’histoire… Prendre le temps de plonger dans l’histoire de notre fédération contribue à illuminer ce présent pour mieux appréhender l’avenir. Les questions essentielles qui vous sont posées aujourd’hui, les formes de luttes, l’unité syndicale, la place de la CGT dans le syndicalisme international… La structuration de notre fédération, la conception du service public… Sont autant de thèmes qui ont toujours traversé les débats dans notre organisation. L’histoire n’est pas un fil qui se déroule et se tend, elle se compare plus à une spirale qui s’enroule sans jamais revenir à la même place. En ce sens, nul ne peut prétendre comprendre notre organisation et son mode de fonctionnement, s’il ne s’attache pas à connaître son histoire… Si vous prenez le temps de revisiter les différentes périodes traversées par nos aînés, vous verrez que notre organisation a toujours eu cette capacité de s’organiser pour mener le combat et rebondir, et vous trouverez dans cette étude l’énergie, l’optimisme et la conviction du possible pour aborder le temps présent et vous projeter dans le futur […]

Comme vous le savez, ou pas, à l’origine les chemins de fer était détenu par des compagnies privées. Très rapidement l’autorité publique, une dizaine d’années après qu’elle ait accordé la première concession perçoit l’intérêt croissant du nouveau mode de transport pour l’économie du pays… (Mais) les banquiers qui ont flairé l’investissement juteux emportent, en 1838, l’assentiment de la Chambre pour le prolongement du système des concessions… Et il ne se trouvera pas jusqu’à 1937, de majorité pour mettre fin à la gestion privée.
La convention qui crée la SNCF en août 1937 prévoit également sa fin, au 31 décembre 1982.
Bien avant cette date, la SNCF fait l’objet de multiples attaques dont la plus emblématique est le rapport Guillaumat qui paraît en 1978. Par rapport aux attaques précédentes, l’esprit est le même mais il s’agit de passer à un stade supérieur. La place et le rôle même de la SNCF sont en cause. La fermeture d’un tiers des lignes ainsi que de 3 000 à 4 500 gares est préconisée. La récession du rail y est jugée inéluctable. « Le service public est inadapté aux conditions actuelles et devient un obstacle » ; rarement les choses avaient été dites aussi crûment.

Démanteler la SNCF apparaît comme un préalable pour mettre tout le secteur des transports terrestres au service des objectifs des grands groupes financiers privés. Le moment choisi n’est pas un hasard. La lettre de transmission du rapport au Premier ministre (Raymond Barre) évoque explicitement la fin de la concession qui lie l’État et la SNCF le 31 décembre 1982. Cette lettre développe l’idée qu’il conviendra d’ici-là de développer les créneaux rentables mais aussi de préluder à un éclatement de l’entreprise qui se réaliserait ainsi plus aisément au 1er janvier 1983. Le statut du personnel se trouvait du même coup remis en question et directement menacé.
Notre Fédération CGT des cheminots entreprit donc des actions à plusieurs niveaux contre les orientations du rapport Guillaumat le point d’orgue de celle-ci sera le succès de la journée sans train du 7 mars 1979 à l’appel des sept fédérations syndicales représentatives à cette époque.

L’arrivée de la gauche au pouvoir en mai 1981 et la prise en charge du ministère des Transports par Charles Fiterman vont rendre caduques les orientations du rapport Guillaumat pour le remodelage de la SNCF. En insérant la structure de la SNCF dans une loi des transports intérieurs (LOTI), celle-ci se trouve protégée en tant que nationalisation.
Tout ne sera pas effacé pour autant. Par le canal des instances européennes, certaines propositions ultérieures ne dépareront pas le rapport Guillaumat on en voit les effets aujourd’hui au travers des dernières réformes de notre système ferroviaire […]
L’histoire nous apprend aussi que le statut des cheminots est antérieur à la création de la SNCF, puisque le premier texte ouvrant la voie à un statut trouve son origine à la suite de la grève dite de la « thune » en 1910 […]

Aujourd’hui, c’est précisément tout ce dispositif, que Macron, son gouvernement et la direction de l’entreprise s’acharnent à remettre en cause. Et ce sera, comme toujours, les luttes qui détiendront les clés pour s’y opposer, et rendre concrètes les attentes des cheminots d’aujourd’hui […]

Quand on connaît le chemin parcouru, ses grandes lignes ou les moins connues, les embûches franchies comme les pas de géants effectués, les interrogations suscitées comme les certitudes affirmées, on est mieux à même d’appréhender les questionnements qui nous assaillent aujourd’hui et ainsi se projeter dans l’avenir que vous avez maintenant entre vos mains.
Voilà pourquoi l’Institut CGT d’histoire sociale vous propose, sans relâche, de vous approprier cette histoire. Il y a tant à connaître et à transmettre sur chacune des 106 années écoulées… Mais cela nécessite de veiller sur vos archives […]
L’histoire se nourrit de faits précis que la seule mémoire humaine ne peut remplacer.
Cette sensibilisation à l’intérêt d’un travail sur l’histoire, pour l’activité syndicale d’aujourd’hui et de demain, repose pour commencer sur l’adhésion à l’IHS de toutes les structures de notre fédération […]
C’est une véritable démarche de conviction qu’il faut engager et qui doit s’accompagner de mesures concrètes pour la mettre en œuvre […] »