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De la mémoire à l’histoire, celle du Dépôt de Sotteville, d’Hiroshima et de Nagasaki…

Le Dépôt de Sotteville a fait place à une friche où la végétation peu à peu reprend ses droits sur près d’un siècle et demi d’activité ferroviaire. Avant que l’amnésie ne soit totale quant à son histoire, il fallait agir…

C’en est fini, au Dépôt, du travail revêtu du bleu de chauffe, des bruits caractéristiques qui le ponctuaient, des luttes, des meetings syndicaux improvisés à l’instar de ceux de la fin 1995 sous son atelier dans la fosse du pont transbordeur. Le temps fait son œuvre et efface cette mémoire ouvrière, mais aussi celle des 26 victimes du bombardement du 5 septembre 1942 1 qui figuraient sur son monument aux morts.

Sensibles au sort de ces collègues, mais aussi à celui des 66 autres qui ont péri sous la Seconde Guerre mondiale, en un contexte préoccupant quant au retour possible de pareilles tragédies, les cheminots, leur syndicat CGT et la direction du Technicentre SNCF Lignes Normandes s’accordent pour commémorer ce drame. Devoir, qu’ils mènent en cohérence avec le transfert de ce cénotaphe sur ce nouvel établissement.

C’est chose faite le 6 septembre dernier en présence du Maire socialiste de Sotteville, de la Sénatrice de Seine-Maritime et du Député de la circonscription communistes.

Ainsi, quasi jour pour jour et 82 ans après ce drame, cette « sentinelle de pierre » continue de perpétuer son action de vigilance sur la folie des guerres et à défendre les valeurs qui ont triomphé de l’extrême droite et du totalitarisme nazi.

 

Sylvain Brière, IHS Seine-Maritime

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1 Sous la Seconde Guerre mondiale, l’aviation allemande puis alliée bombardent à 38 reprises la ville de Sotteville-lès-Rouen. Celui du 5 septembre 1942 est le septième. Il fait partie des tous premiers raids aériens américains de l’United States Army Air Force (USAAF ou US Air Force) sur l’Europe occupée. D’une manière générale, ces bombardements manquent de précision. Le viseur d’altitude Norden qui équipe les appareils à l’été 1942 est expérimenté pour la première fois au-dessus de l’agglomération rouennaise. Il n’est pas au point. Il le sera dramatiquement trois ans plus tard, les 6 et 9 août 1945 au-dessus du Japon pour Hiroshima et Nagasaki.